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Notre parrain : le capitaine Robert Goupil

 

 

 

 

 

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 Les dates-clefs

        

18 août 1921 : naissance de Robert Goupil à Paris.

 

Août 1939 : il intègre l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr, à 18 ans. Il est le plus jeune de sa Promotion. Il entre dans l’Histoire au sein de la Promotion Amitié franco-britannique.

 

Février 1939 : il sort 153e sur 580 et est envoyé à Souge puis à Fréjus dans l’attente de rejoindre les combats.

 

Novembre 1940 : il part rejoindre la Spéciale à Aix-en-Provence.

 

8 juillet 1941 : il débarque à Saïgon et est affecté au 1er bataillon du 4e Régiment de Tirailleurs Tonkinois.

 

1er octobre 1941 : il sert au sein de 5e Bataillon du 3e Régiment de Tirailleurs Tonkinois et prend le commandement du poste de Dong Khe le long de la Route Coloniale 4 (RC4).

 

20 mars 1942 : il est nommé lieutenant.

 

9 mars 1945 : début du « coup de force japonais » en Indochine.

 

2 avril 1945 : le lieutenant Goupil est blessé lors d’une attaque de pirate chinois au bras et au poumon à Nam-Nhung. Il se replie en Chine au sein de la colonne Alessandri.

 

15 avril 1945 : le lieutenant Goupil franchit la frontière chinoise et est soigné à l’hôpital américain de Kunming. Il est ensuite transféré dans les Indes britanniques. Il y demande à rejoindre le 5e Régiment d’Infanterie Coloniale (RIC) à Ceylan, au sein du 2e commando léger.

 

17 avril 1945 : le 5e RIC débarque à Saïgon dans le Corps d’Intervention Léger et participe à des opérations de dégagement de la Cochinchine.

 

15 septembre 1945 : il est nommé commandant du Quartier Général du l’amiral Thierry d’Argenlieu.

 

21 mars 1946 : prise de Takhek à laquelle il participe.

 

8 août 1946 : le lieutenant Goupil est rapatrié en France.

 

25 mars 1947 : il est nommé capitaine et est de nouveau volontaire pour l’Extrême-Orient.

 

24 juin 1947 : il débarque une nouvelle fois à Saïgon. Il est affecté au 21e RIC.

 

1er septembre 1947 : il prend le commandement de la 2e compagnie du 21e RIC stationnée au poste de Dong-Dang, le long de la RC4.

 

1948 : le capitaine Goupil est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur.

 

1950 : il rentre en Métropole et est affecté au 3e Régiment d’Infanterie Coloniale. Cependant, peu après, il se porte volontaire pour le Bataillon français de Corée sous les ordres de Monclar.

 

Janvier 1951 : la compagnie ROK (Republic of Korea) termine son entraînement et prend enfin sa place au sein du Bataillon.

 

1er février : lors de la bataille de Twin-Tunnels, il contre-attaque et rétablit la situation alors que le PC français est menacé par les troupes ennemies. Il sauve le Bataillon français et le 23e RCT américain.

 

12 février 1951 : à l’ouest de Chipyong-Ni, il mène une patrouille audacieuse qui force l’ennemi nord-coréen à se dévoiler. En plus de renseignements, la compagnie inflige de lourds dégâts à l’ennemi.

 

12 - 16 février 1951 : bataille de Chipyong-Ni. La compagnie du capitaine Goupil tient une gare assaillie de toute part. Sa résistance permet au Bataillon de survivre à une probable destruction.

 

29 mai 1951 : lors d’une progression au nord d’Inje, il prend à revers les troupes ennemis qui interdisaient la route, les détruit et aide le 187e Airborne. Il capture six prisonniers.

 

Juin 1951 : sa compagnie ROK fusionne avec la 2e compagnie du Bataillon dont il prend le commandement.

 

18 août 1951 : le capitaine Goupil fête ses trente ans.

 

13 septembre : début de la bataille de Crève-Cœur.

 

26 septembre 1951 : le capitaine Goupil est proposé dans la matinée à titre exceptionnel au grade de chef de bataillon. Le Bataillon est bloqué depuis treize jours sur la côte 931. Il prend part à une succession d’attaques et de contre-attaques à la baïonnette et au lance-flamme. Une préparation d’artillerie a lieu en vue d’un assaut, mais elle n’est pas assez efficace, du fait des lignes de communication détruites. Le capitaine Goupil prend la décision de monter lui-même sur la crête afin de renseigner l’artillerie et mener son assaut.

 

26 septembre 1951, à 15h15 : un éclat de mortier tue le capitaine Goupil. Le PC appelle à la radio, « donnez-moi Yvonne en personne ».

L’opérateur répond fébrilement : « Yvonne en personne vient d’être tué. » Tous les postes radio du bataillon ont entendu la réponse, un silence troublant s’abat sur la côte 931.

Le soir-même, le général Monclar lui accroche la Croix d’Officier de la Légion d’Honneur sur la poitrine. Il était surnommé   « l’Archange », ou encore « le sourire du bataillon » par ses subordonnés. La côte 931, où il est tombé était surnommée par les américains « le chemin du paradis ».

 

13 octobre 1951 : la compagnie du capitaine Robert Goupil s’empare du dernier piton de Crève-cœur, et venge ce capitaine qu’elle avait tant aimé.

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 Son histoire

1921-1941 : la genèse d'une vocation militaire

        Robert Goupil naît le 18 août 1921 à Paris dans une famille de quatre enfants. Il est le fils de Louis Goupil (1887-1974), officier du Génie polytechnicien, devenu colonel, et de Louise Brion, fille du général Jules Brion, officier de la Légion d’honneur. Il est également le frère de Bernard Goupil Saint-Cyrien (1946), Général de division, Grand Officier de la Légion d’honneur et du Mérite, ancien chef de corps du 2e REP et ancien COMLE (Commandant de la Légion étrangère). La famille Goupil est originaire de Lorraine. Robert Goupil étant très attaché à cette région il y reviendra régulièrement durant sa carrière. 

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        Très tôt, il décide de s’inscrire dans la lignée paternelle et choisit la carrière militaire. Il se prépare physiquement en pratiquant le cheval, le tennis et l’escrime, mais également intellectuellement, en lisant énormément et en développant un fort intérêt pour l’histoire et la littérature. En 1938, il décide de préparer le concours de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, et pour cela, il rejoint la Corniche du Lycée Hoche à Versailles. Il intègre la Spéciale en tant que benjamin de sa promotion de 762 membres dès sa première tentative, alors que le crépuscule venu d’Outre-Rhin s’abat sur la France. La guerre est déclarée, et seulement six mois après son intégration, le 20 mars 1940, l’aspirant Goupil voit son école déplacée à Aix-en-Provence. Sa promotion, la dernière formée au Vieux Bahut, celle de « l’Amitié franco-britannique » (1939 – 1940) quitte la maison de Madame de Maintenon, laissant derrière elle 115 ans de présence dans ces lieux. Après six mois de formation intensive, cette exceptionnelle promotion « de guerre » voit ses membres, dont l’aspirant Robert Goupil nommés sous-lieutenants.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


        À la fin de cette courte scolarité, le sous-lieutenant Robert Goupil, sorti 153ème s’engage dans l’Infanterie coloniale, et plus particulièrement au sein d’un Bataillon de Tirailleur Sénégalais. C’est un séjour assez court car il s’en ira en novembre 1940 à Aix-en-Provence afin de continuer sa formation. Il sera peu après nommé lieutenant et rejoindra l’Extrême-Orient, étant affecté en Indochine début 1941 pour défendre la France déjà en difficulté en Europe. 
        Dès l’enfance, Robert Goupil démontre un attachement particulier à l’honneur et à la droiture, valeurs qui se doivent d’être adoptées par notre Promotion.
        Dans ce crépuscule, Goupil est l’une de ses nombreuses lueurs qui s’allumèrent et se révélèrent être le salut de la France. Dix ans avant son sacrifice, son nom aspire déjà à rejoindre le rang des hommes qui marqueront l’histoire à travers leur honneur et leur panache. 

 

 

 


1941 - 1950 : l'Indochine


        Débute pour le Lieutenant Goupil son long baroud, de dix ans, coupé seulement à deux courtes reprises où il reviendra sur sa terre natale, la Lorraine. Alors que la France est tombée, Goupil continue à servir sans faillir, et ce malgré les garnisons difficiles ainsi que l’isolement dans le lointain Extrême-Orient.
        Goupil sert dans une Indochine occupée par le Japon et affaiblie par la guerre franco-thaïlandaise de 1940-1941. Malgré l’apparente souveraineté française, l’Indochine est en réalité contrôlée par le Japon, qui l’utilise afin de bénéficier d’un couloir de mouvement de ses troupes en Asie du Sud-Est et renforcer sa Sphère de Coprospérité.

      Goupil servira jusqu’en 1945 aux 4ème et 3ème Régiments de Tirailleurs Tonkinois dans le nord de l’Indochine, dans le secteur de Lang Son puis à la frontière chinoise. Le 2 avril 1945, il est pris à partie lors d’une patrouille par des pirates chinois et touché par une rafale de mitrailleuse, une partie de son bras est arrachée et son poumon est perforé. Il écrit : « Nos éclaireurs étant passés sans être inquiétés, mon premier groupe que les pirates serrent de près est en mauvaise situation. Je me porte à sa hauteur avec mes autres éléments et suis blessé d’une rafale de mitraillette à ce moment. Devant notre riposte décidée, les pirates d’ailleurs n’insistent pas et se replient en tiraillant. Je garde toute ma connaissance mais perdant beaucoup de sang, je suis obligé de me faire porter dans une couverture ». Après un brancardage à l’allure de 30km par jour à travers la Chine, il ne sera transporté en avion vers Kunming que le 19 avril 1945, dans un hôpital américain. Il attendra jusqu’au 7 juin, où il sera transporté en Birmanie, avec l’espoir de rejoindre rapidement ses troupes et le combat. Il reprendra l’entraînement avec un corps expéditionnaire du 4ème commando léger du 5ème Régiment d’Infanterie Coloniale en formation en Inde britannique. Depuis l’île de Ceylan, ils débarqueront à Saïgon. Après plus d’un mois, le Lieutenant Goupil et 500 hommes embarquent le 5 décembre 1945 à bord du « Ville de Strasbourg » afin de rejoindre finalement Saïgon le 17 décembre 1945. A peine débarqué débute son combat face aux très nombreux rebelles annamites mais surtout face au Vietminh. Goupil s’intéresse très fortement au conflit régnant en Indochine. Analysant dans ses carnets les peuples et enjeux de cette zone, il développe connaissances et compréhension fine du conflit. C’est l’un des chefs les plus adroits de la région. Goupil est compris et sait faire comprendre à ses hommes et à la population son action. Il utilise par exemple les commandos légers pour concurrencer la liberté de mouvement des groupuscules Vietminh. Dans ses combats il fait preuve d’abnégation en décrétant que « nous n’avons pas le droit d’abandonner l’héritage de nos prédécesseurs, dont tant sont déjà morts sur cette terre indochinoise ».

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      Meneur d’hommes réfléchi et courageux, le lieutenant Goupil se démarque une fois de plus par sa compréhension des conflits lors des combats de Thatkhe. 

         Thathke est tenue par des partisans communistes laotiens est hautement défendue. Pour s’en emparer, Goupil et ses troupes vont s’élancer bravement à l’assaut des tranchées adverses. Ils vaincront l’ennemi grâce à leur ténacité et à leur vitesse, permettant la reprise d’un contrôle français de la ville. Pour cette action, il sera cité à l’Ordre de l’Armée avec « une audacieuse rapidité qui ne laisse aux rebelles étonnés que le choix entre la mort et qui le rendit maître, presque sans pertes, de cette zone solidement défendue ». Quelques temps après, il se démarquera au Laos dans la région de Nape en infligeant de lourdes pertes à l’ennemi. Il sera cité à l’Ordre de la Division pour cette action. Après 5 années isolées en Extrême-Orient, Goupil rentre sur sa terre natale. Il est ensuite fait Capitaine à 26 ans puis est affecté en juin 1947 à la tête de la deuxième compagnie du 21ème Régiment d’Infanterie Coloniale. Situé au nord-est du Vietnam, dans la ville de Dong Dang, sur la R.C. 4 à la frontière chinoise, la zone est constamment assaillie par les forces communistes. Il réussit à maintenir un climat de paix face aux nombreuses actions toujours plus téméraires du Vietminh, avec à ses côtés ses hommes et la population. Pour cela, il sera à l’ordre du Corps d’Armée puis à l’Ordre de l’Armée en 1947. Ainsi, il sera nommé à 27 ans Chevalier de l’Ordre de la Légion d’Honneur en 1948.

 

        En 1950, il est affecté au 3ème Régiment d’Infanterie Coloniale, devenu 3ème Régiment d’Infanterie de Marine. Mais le Capitaine Goupil, nostalgique de l’Extrême-Orient et de ses combats pour la Liberté, se porte volontaire pour le très impopulaire Bataillon français de l’ONU, destiné à partir en Corée. Il fait partie des milliers de volontaires, insultés par l’opinion publique d’assassins et de mercenaires. Par son état d’esprit et son courage, il contredit l’opinion publique en se battant pour la Liberté. C’est ainsi que le Bataillon français débarque avec Goupil en Corée, pour un nouveau combat. 

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Janvier 1951 - Septembre 1951 : le Bataillon français de Corée

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          En 1951, le Capitaine Goupil, à peine débarqué prend le commandement de la compagnie ROK (Republic of Korea) du Bataillon français de Corée. Le Bataillon français de Corée est intégré au 23e Régiment d’Infanterie américain de la 2ème Division d’Infanterie américaine. Afin de s’adapter au format américain, Goupil participe à la constitution d’une compagnie composée de soldats coréens. Ainsi est créée la compagnie ROK, dont font parties les forces coréennes augmentées de l'armée des États-Unis. C’est un choix du Capitaine Goupil que l’on peut expliquer par son tempérament et son attitude semblable à celle du Capitaine de Cathelineau face au défi : « j’aime la figure de l’homme tendue sous l’effort, le labeur qui creuse les rides, l’idéal poursuivi de toute son âme ». Cette décision permet au Bataillon de ne pas simplement utiliser les Coréens comme de la simple main d’oeuvre mais de les intégrer à ce corps unifié qui sera reconnu comme une des unités les plus efficaces de cette guerre. Les Coréens de la ROK muent par la ferme intention de connaitre la victoire et la liberté suivent le capitaine Goupil au combat, confiants. Fin janvier 1951, après plusieurs entraînements profitant de l'expérience de Goupil, la compagnie s’engage dans la guerre.

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         Le baptême du feu du Capitaine Goupil en Corée a lieu début février 1951 lors de la bataille de Twin-Tunnels. Alors que les troupes des Nations-Unies progressent vers le Nord des troupes du 23e RI tombent dans une embuscade chinoise le 30 janvier. L’aviation américaine riposte au napalm, et dès le 31 janvier, les troupes françaises, alors postées au lieu-dit Twin-Tunnels posent un appui. Le 1er février, l’ennemi ouvre le feu à l’aube et progresse peu à peu. Mais les ordres sont clairs, la mission : tenir la position. Le Troisième Bataillon du 23e RI US et le Bataillon français sont en tête des combats, encerclés et proches de l’anéantissement. La 3ème compagnie est à bout, le commandement décimé, il risque de tomber.

          Alors le capitaine Goupil jusqu’ici en réserve sans visuel sur l’ennemi, propose d’engager ses hommes. Il sourit lorsqu’on lui demande s’ils tiendront, l’entraînement paiera, il en est certain. Ce baptême du feu est marqué par la violence des combats, mais la vaillance de ce bataillon à l’image de son chef est couronnée de succès. Malgré un rapport de force défavorable le bataillon reprend le sommet en quelques heures, il déplore la perte de 32 hommes et une centaine de blessés. Mais ce valeureux fait d’arme permet lui permet de recevoir sa première citation à l’Ordre de l’Armée et sa première citation par le président américain. Les combats de Twin-Tunnels s’emboitent dans une dynamique plus large de contre-offensive américaine vers le Nord.

           Lors de l’hiver de 1950-1951, la résistance du bataillon est remarquable. Il se démarque notamment lors de charges à la baïonnette par -30°C. Les succès remportés par les troupes américaines et françaises dans cette région vont par ailleurs mener à l’élaboration de nouvelles tactiques, comme la progression par les lignes de crête et l’utilisation de « groupements tactiques » au cœur du dispositif ennemi afin de l’obliger à se dévoiler et à se disperser.
       

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       Après le succès de Twin-Tunnels, les troupes des Nations Unies se dirigent vers le nœud ferroviaire de Chipyong-Ni. Ce hameau est cerné de massifs montagneux et situé à l’intersection de quatre vallées, dans une cuvette. Les axes routiers et ferroviaires le traversant mènent à Séoul et Wonju, ce qui en fait un point d’intérêt notable. Si cette cuvette est à portée des mortiers et de l’artillerie ennemie, la stratégie fait ses preuves et pousse à son utilisation plus fréquente comme à Dien Bien Phu où elle est poussée à son paroxysme…

La bataille de Chipyong-Ni a lieu du 3 au 13 février. Pour effectuer les trois kilomètres de Twin-Tunnels au piton, le bataillon met 3 heures dans le froid et l’épuisement. Passant par un point de passage obligatoire pour les troupes chinoises pour aller vers le sud la bataille est prévisible.
           Seulement, isolés à des dizaines de kilomètres de Wonju (Séoul) où se situent le reste des troupes
américaines du 23e RI US, ils doutent. Mais ils restent soudés, l’honneur et l’ardeur de ce bataillon au combat participe à l’élaboration de leur esprit de corps unique.

         À l’approche des 156e et 116e divisions chinoises, le rapport de force apparait comme plus défavorable qu’attendu. Face aux américains incrédules de l’utilisation de troupes locales, le Capitaine Goupil explique qu’en leur donnant un sens à apporter à leur combat, ces soldats se révèlent parmi les plus féroces.
Le capitaine Goupil participera par la suite aux batailles de la côte 1037. Le 3 mars 1951, le Bataillon français se situe à 200 kilomètres au Nord de Wonju, près de Pyongchang. Deux compagnies reçoivent l’ordre de s’emparer de la côte 1037, un piton fortifié par les Chinois. Les troupes françaises sur cette bataille et pour la seule et unique fois de la guerre de Corée vont combattre seules face aux Chinois.

 

 

 

 

 

 

 

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        Une neige épaisse recouvre un chemin unique escarpé et gelé menant aux positions chinoises. Les premières tentatives sont des échecs. Les sections de la compagnie ROK de Goupil porteront main forte aux deux compagnies engagées. Cette bataille assoira définitivement la réputation du Bataillon comme unité combattante d’élite, pétrie par le courage et l’idéal.
             Le Capitaine Goupil prendra successivement part aux combats d’Inje, de Putchaetul et de Bloody Hill où il est à nouveau distingué par sa capacité à fédérer, et son audace qui lui confèrent un style de commandement si particulier. Après la bataille d’Inje, sa compagnie ROK fusionne avec la 2e compagnie dont il prend le commandement.

 

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         Enfin, sans qu'il le sache, débute pour le Capitaine Goupil son dernier combat, sa dernière bataille, du 16 au 26 septembre1951, sur la montagne du Crève-Cœur. Les Américains ont baptisé cette montagne « Bloody Hill ». Le 9e RI US y a perdu un tiers de son effectif pour s’emparer de la côte adjacente. À l’Est comme à l’Ouest, les côtes ont été prises au terme de combats sanglants.
         La mission confiée au Bataillon français est de s’emparer d’une série de croupes appartenant au massif de Sohwa Myon. Le Capitaine Goupil se consacre à l’étude du terrain. Pour atteindre l’objectif du bataillon, sa compagnie doit atteindre le sommet 1052, couvert par un autre sommet fortifié par les chinois, nommé le « Chien de garde ».
        Le matin du 15 septembre, l’offensive débute. Pour atteindre la côte 1052, il faut passer par 841, qu’un déserteur coréen affirme comme étant délaissée par l’ennemi contrairement à ce qu’évoque le renseignement français. Goupil en est certain, la côte est bien tenue, entre communication défaillante de l’échelon supérieur les nombreux contre-ordres l’incertitude règne en maître. La 1e et la 3e compagnie s’élancent dans le ravin, et progressent vers l’objectif. Goupil donne l’ordre de débuter la mission. Les Nord-Coréens accueillent les troupes françaises et se révèlent bien plus dangereux que la masse informe chinoise. Monclar dira face au paysage dévasté : « Vous pourrez dire à vos anciens que vous avez vécu quelque chose qui ressemble à Verdun ! ». Ça n’est pas une simple ressemblance. Le terrain est en tout point identique à celui du bois des Caures. La terre est retournée, détruite par des salves d’obus, parsemée de lambeaux de corps. Le Bataillon arrête alors sa progression, tandis que les Américains arrivent à avancer profitant d’une dispersion des troupes nord-coréennes.

 

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          Très vite, le commandement américain décide pourtant de relancer l’offensive. Celle-ci doit reprendre le 26 septembre, en début d’après-midi après la préparation de l’artillerie. Le capitaine Goupil est alors proposé au rang de chef de bataillon.

          Alors que le jour se lève, l’artillerie ennemie pilonne les positions françaises sans que ne réagisse l’artillerie américaine. Les lignes télégraphiques sont tranchées. Les Français tombent, sous les obus ennemis. Des 1017, il ne restait déjà plus beaucoup de visages qui furent présents à Marseille, lors du départ. Des officiers, Goupil est l’un des derniers. Il veut amener ses hommes à la victoire, et pour cela, il doit coordonner avec l’autre compagnie française l’assaut. Il dit à la radio : « Je grimpe sur la crête dix mètres plus haut pour mieux voir ». Il se dévoue tout entier au succès du Bataillon. C’est alors qu’une pluie d’obus s’abat sur sa position, à la radio, l’on entend appeler. « Yvonne ! Répondez ! ». Yvonne en personne ne répond plus, « Yvonne vient d’être tué » leur est-il répondu, d’une voix faible.

      Du capitaine Goupil, il ne reste plus rien, comme si son corps avait profité de la fumée rousse pour disparaître, loin de ces pitons et des ombres des camarades morts. Mais il laisse derrière lui, chez ses hommes, comme une brise d’espérance, qui leur permettra de vaincre.

       Le soir-même, le Général Monclar épingle la Croix d’Officier de la Légion d’Honneur sur la poitrine du capitaine. C’est un ultime honneur qui lui est fait, de la part d’un homme qui accompagna tous les conflits du XXe siècle sans jamais faillir.

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          Le 13 octobre, sa compagnie s’emparera du dernier piton de Crève-Cœur, vengeant enfin son Capitaine, qu’elle avait tant aimé. Il est une race d’hommes qui s’inscrivent dans l’âme de ceux qu’ils mènent et qui savent s’affranchir de toutes les difficultés terrestres pour insuffler l’espérance qui les anime. Le Capitaine Goupil était de ceux-là. Jamais il n’osa baisser le regard devant la tâche qui lui était confiée. Il hissa aux côtés de mille autres soldats le Bataillon de Corée au rang des plus glorieuses unités de notre histoire militaire, et prouva qu’en dépit de tout, le seul combat qui vaille est celui de la Liberté, d’autant plus lorsque ce combat est fait avec panache. Ce capitaine français, d’Indochine et de Corée est mort pour un combat, embrassé depuis son enfance, celui de la Liberté.

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Décorations du Capitaine Goupil

Chevalier de la Légion d’Honneur
30 décembre 1946

Officier de la Légion d’Honneur à titre posthume par le Gal. Monclar
Le 26 septembre 1951

Croix de Guerre des Théâtre d’Opérations Extérieurs
1939-1945 en Indochine

Croix de Guerre des Théâtres d’Opérations Extérieurs
en Indochine


Croix de guerre des Théâtres d’Opérations Extérieurs
en Corée

U.S.A Bronze Star avec agrafe V
16 juillet 1951

Silver Star à titre posthume
29 septembre 1955

Médaille Ch’ungmu Coréenne avec étoile d’argent
1951






Lien vers le carnet d'Indochine du lieutenant Robert Goupil : 
Carnet d'Indochine du Lieutenant Robert G. - Médiathèque numérique mémorielle. fragments d'histoires, mémoires du temps. (fragments-histoires.com)
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